NOUVEAUX IMPERIALISMES MONDIAUX: IDENTIFICATION ET PERSPECTIVES

Publié le par Scaramouche

Analyse de l'emergence de nouveaux systèmes impérialistes à travers le monde et de leurs conséquences.

Pierre-Yves Rougeyron aborde le sujet des empires au cours des siècles passés, pour expliquer la manière d'emerger des nouveaux impérialismes qui sont présents aujourd'hui, ou qui verront leur avènement dans le futur.

Historiquement, il faut tout d'abord savoir que techniquement au niveau géo-politique, un "Empire", n'a pas de frontières fixes. Il n'a en fait que des limites territoriales mouvantes. Parce qu'il est, par définition destiné à s'étteindre de plus en plus. Et la faille pour chaque état Impérialiste, c'est d'une part de ne plus pouvoir d'éttendre; et d'autre part, de ne plus pouvoir financer et assurer la subsistance de la grande étendue de son territoire. Dès qu'un système Impérial en arrive à ces extrémités, il connait alors un point de rupture, risquant de causer sa fin.

Il y aura différentes visions et définitions des différents Empires, et des pays se définissant comme tels, en fonction de leur propre histoire et conquêtes.

En premier lieu, depuis le début du XXème siècle, les Etats-Unis sont les premiers au niveau production industrielle, pour le devenir ensuite au niveau technologique, et finir comme puissance militaire après la Seconde Guerre Mondiale. Ils seront les seuls à avoir accompli la réalisation d'un système Impérialiste complet (en majorité en Amérique Latine). Ils chercheront donc par la suite à maintenir leur avancée, et continuer l'expension de l'influence Américaine, tout en cherchant à se protéger de l'URSS et des pays de l'Est du pacte de Varsovie, de l'époque de la Guerre Froide.

En provoquant pour cela, une séparation sanglante entre les peuples Slaves et les peuples Latins (ce que nous aurons bien avec les guerres Balkaniques et du Kossovo dans les années quatre-vingt dix). Et d'une occupation de la Pologne et de l'Ukraine. Ensuite, le lieu de la planète le plus convoité et véritablement stratégique (même si cela peut paraitre étonnant), c'est l'Asie Centrale, que l'on appelle aussi "l'île Centrale" (ce que nous aurons avec l'occupation de l'Afghanistan en 2001 puis de l'Irak en 2003). Parce que, pour les Américains qui ont imaginé cette théorie, si on domine cette région, on domine le monde par les mers et les océans. Cela reprend également l'dée de recréer le chemin des grandes Routes de la Soie (assurer un ré-approvisionnement logistique géo-stratégique mondial).

Idéaulogiquement, cette stratégie s'appuie majoritairement sur, entre autres, les travaux que présentera Zbigniew Brzezinski. Qui les développera dans trois ouvrages: "Le Grand Echiquier", de 1997-1998; "Second Changement", de 1999; et "Vision Stratégique", de 2011. La vision de Brzezinski (plus douce, "du pain et des jeux") s'opposera à celle de Samuel Hungtinton (plus dur, "s'imposer par la force"). Ce dernier présentera lui-aussi ses idées dans l'ouvrage: "Crise de la Démocartie", de 1973, rédigé pour la Commission Trilatérale. Mais ils sont tous les deux des anti-démocrates convaincus.

Le changement radical dans les décisions stratégiques, se produira avec l'arrivée des "néo-conservateurs" à partir des années Reagan, qui remplaceront les "ultras", présents depuis Nixon et Carter. C'est à partir de 2007 que Brzezinski, en tant que le principal conseiller de la politique extérieure Américaine, décidera qu'il fallait être plus dur avec la Russie. Pour plusieurs raisons: Parce que la politique des Etats-Unis en Asie Centrale (Afghanistan, Irak) est un échec en terme de pacification; Le poids de la dette Américaine devient insoutenable; Il est de plus en plus difficile de trouver des engagés pour remplir les rangs de l'armée (l'enrôlement d'étrangers principalement Latino-Américains, contre une "green-card" est très forte).

C'est à ce moment (en 2007) que du côté Américain, il y eu une remise en cause et un revirement de la stratégie vis-à-vis de la Russie. Tenter de "englober" la Russie dans le camps des Etats-Unis, à défaut de pouvoir la vaincre. Tout en tentant de la diviser par rapport à la Chine. En fait, créer un rapport de force - modéré - entre la Chine et la Russie (sans doute dans l'espoir d'en avoir au moins l'un des deux qui rejoindrait le camps Américain).

Avec, comme priorité impérative, celle de maintenir le cour du Dollar (et son utilisation par la majorité des pays du monde pour leur paiement internationaux et achat de pétrole) par tous les moyens.

C'est aussi à partir de 2007, qu'est arrivé un autre idéologue Américain du nom de Jean Charp, qui publiera deux livres, dont l'un est titré: "L'anti coup d'état". Il y développe une méthode de renversement d'un gouvernement, afin de prendre le pouvoir dans un pays moderne. La façon de procéder est simple. Choisir des groupes minoritaires quelconques: Associations; groupes politiques quelques soit leurs bord politiques; syndicats; étudiants; chômeurs;...etc. L'inciter et le manipuler pour le faire manifester contre le gouvernement. Pacifiquement au début pour commencer. Après, envoyer des "casseurs" dans les manifestations qui vont s'attaquer aux forces de l'ordre. Pas pour le plaisir de se battre avec les policiers, mais en se livrant à des actes de plus en plus violents et dangereux, en espérerant que la police ou l'armée tire sur la foule. Pour pouvoir ensuite, faire appel à la Communauté Internationale en la prenant à témoin et demander son aide. Le gouvernement du pays n'ayant plus de choix qu'à quitter le pouvoir sous la pression intérieure aussi bien qu'étrangère (c'est ce qui s'est passé dernièrement en Ukraine).

La seule alternative pour contrer un tel renversement de gouvernement, initié de l'étranger en manipulant une partie de la population intérieure, c'est un référendum pour que le peuple s'exprime (ce qu'à fait Vladimir Poutine avec le référendum en Crimée). Et quand cela ne fonctionne pas, parce que la majorité de la population tient avec le gouvernement en place et que ce dernier ne choisit pas de quitter le pouvoir, et bien on passe à l'échelon supérieur avec l'envoi de mercenaires étrangers pour tuer, massacrer des civils, et mettre ça sur le dos du régime en place (ce qui à eu lieu en Syrie, par l'envoi de mercenaires payés par l'Arabie Saoudite, instrumentalisés par la CIA, armés par la Turquie et infiltrés en passant par la Jordanie).

Une autre stratégie de guerre, est appelée la "guerre cognitive". La "théorie du genre" dont on a beaucoup parlé ces derniers mois, en est un bon exemple (elle provient en fait des Universités de lettres Américaines, qui est passée à l'OCDE, puis à l'ONU par le biais de l'OMS, avant d'être répendue par gouvernements interposés à tous les peuples de la planète). Depuis quarante ans, les Etats-Unis mènent aussi une guerre par le système d'éducation.

Ce concept de "guerre cognitive" est en fait un prolongement de ce que l'on nomme le "réfléxe conditionné". La guerre cognitive c'est de "Maitriser les associations d'idées et les images dans l'esprit des gens, afin d'abattre ses adversaires" (en clair, montrer de fausses images, en les présentant et les commentant de manière mensongère, pour que le public fasse l'association d'idées de lui-même dans sa tête, entre ce qu'on lui dit et ce qu'il voit). 

Il semblerait néanmoins que dorénavant, la tentative d'englober la Russie ayant échouée, les nouveaux objectifs soient maintenant d'isoler la Russie (chose déjà accomplie en partie par la main mise Américaine sur l'Asie Centrale, et en train de se produire avec la rupture en l'Ukraine en ce moment). Les Etats-Unis cherchent de plus en plus à éviter de devoir faire une invasion et une occupation de pays étrangers (coûteux en hommes, en équipements et logistique et à la réussite relative, comparée à l'investissement engagé). Et les renversement de gouvernements, par des déstabilisations provoquées de l'intérieur, par des agents perturbateurs (Lybie, Egypte, Syrie, Ukraine...), sont en quelques sortes aujourd'hui, devenus pour les Etats-Unis la norme, pour remodeler à leur guise les frontières des pays et redéfinir les alliances entre états. Avec de plus en plus, le désir que, à terme, ce soit les Européens eux-mêmes qui se chargent de projeter leurs propres forces armées, afin de "pacifier" les pays et/ou régions du monde ainsi déstabilisées.

La raison est que les Etats-Unis ne veullent plus seulement se focaliser sur l'Europe ou l'Afrique, parce que leur prochain objectif pour étendre leur sphère d'influence dans les prochaines années, sera le Pacifique (la Chine devenant leur principal rival dans cette perspective).

Au niveau socio-économique national et local, ce qui sera mis en place sera l'ultra-libéralisme, sous domination Américaine (et par éxtention également une protection soumise aux Etats-Unis avec l'OTAN).

 

Voici la vidéo de la conférence de Pierre-Yves Rougeyron, d'une durée de presque une heure trente, réalisée par le Cercle Aristote: