ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE: LA CONTRE-ENQUÊTE (Partie 54)

Publié le par Scaramouche

Ce que nous apprend le rapport de la Commission sur les agissements des différentes agences gouvernementales envers Al Qaïda et Ben Laden entre 1995 et 2001 (suite).

Le double jeu de la CIA (Suite).

Le rapport de la Commission d'enquête apporte de nombreuses informations (Chapitre 4, "Les ripostes aux premières attaques d'Al Qaïda, link"). 

 

L'acte d'accusation originel contre Ben Laden se basait sur des informations erronées, pour déjà prétendre d'un lien avec l'Irak et les "armes de destruction massives".

"...Le 4 novembre 1998, le bureau de l'attorney général pour le secteur sud de New York rendit publique son acte d'accusation contre Ben Laden, l'inculpant de conspirations en vue d'attaquer des installations de défenses américaines. L'acte d'accusation mentionnait également qu'Al-Qaïda s'était allié avec le Soudan, l'Iran et le Hezbollah. L'acte d'accusation originel, gardé secret, spécifiait en plus qu'Al-Qaïda avait "passé un accord avec le gouvernement irakien selon lequel Al-Qaïda ne s'attaquerait pas aux intérêts de ce gouvernement, et que, sur des projets spécifiques, en particulier sur le développement d'armements, Al-Qaïda travaillaient en coopération avec le gouvernement irakien"...; ...Cependant, cette façon de parler d'un "accord" entre Al-Qaïda et l'Irak fût abandonnée, quand un acte d'accusation de remplacement fût enregistré en novembre 1998."  (Page 128 version US et page 156 version Française).

Comme nous le savons maintenant (nous y reviendrons), il n'y avait aucun lien entre Al-Qaïda et le régime Irakien. Le fait qu'il y est eu un premier acte parlant d'un "accord" entre l'Irak et Al-Qaïda, devait provenir de fausses informations pour le Ministère de la Justice, ou alors qu'elles devaient être très évasives ou non confirmées. Voilà pourquoi l'acte final ne les auraient pas retenu et pourquoi le premier acte de juin avait été gardé secret.

 

On constate que la CIA diffuse de fausses informations aux autres organismes.

"Le même jour [4 novembre 1998], Clarke convoqua une réunion du CSG pour évoquer à la fois le problèmes des détournements et la menace des missiles anti-aériens. Pour répondre aux menaces de détournements, l'équipe décida d'élever le niveau de sécurité des aéroports new-yorkais à son seuil maximal, dès cette semaine-là. On décida de renforcer les mesures de sécurité dans les autres aéroports de la Côte Est. La CIA décida de distribuer des exemplaires du rapport au FBI et au FAA, afin qu'il soit remis à la police de New York et aux compagnies aériennes... ; ...L'ensemble des services de renseignements ne put apprendre grand-chose sur l'origine de ces informations. Plus tard en décembre, et à nouveau en janvier 1999, d'autres informations furent communiqués par cette même source rapportant que le détournements avait été ajourné, suite à l'arrestation de deux espions, superficiellement décrits, près de Washington DC ou de New York. Après enquête, le FBI ne put trouver aucun renseignement venant confirmer la menace du détournement. Il ne fut pas capable d'identifier des arrestations correspondant à celles décrites dans le rapport. La FAA mit un terme à l'alerte donnée aux aéroports de New York le 31 janvier 1999." (Page 130 version US et page 158 version Française).

Un rapport est transmis par la CIA (donc un rapport de l'agence) au FBI et la FAA, parlant de l'arrestation de deux espions, à New York ou Washington et d'un détournement avorté. Comme le rapport le mentionne, une enquête du FBI ne trouvera "aucun renseignement venant confirmer la menace du détournement" et "ne fût pas capable d'identifier des arrestations correspondant à celles décrites dans le rapport". La seule explication pour que le FBI n'ait pas pu confirmer sur le terrain, les informations diffusées par la CIA, serait que ces informations étaient fausses et avaient dû être fabriquées. Concernant l'origine de l'information, la source première des renseignements: "L'ensemble des services de renseignements ne pût apprendre grand-chose sur l'origine de ces informations". Pour que l'ensemble des services de renseignements Américains, ne trouvent pas d'informations sur cette "source" en question, c'est que cette dernière ne devait pas exister non-plus. 
Cela montre qu'il n'y a pas que le Conseil national de sécurité, le CSG de Clarke, le département de la Justice, à se voir envoyer de fausses informations à dessein, par la CIA. Il y aura également le FBI et la FAA. 

 

Les Forces d'Opérations Spéciales ne recoivent pas l'ordre effectif pour lancer l'opération de capture de Ben Laden. Et on leur refusera la possibilité d'agir directement de leur propre initiative.

"Très alarmés, les membres de la Petite Equipe décidèrent de réfléchir aux moyens de contrer ou d'empêcher ce genre d'attaques. Les généraux Shelton et Zinni proposèrent des solutions militaires. On annonça plus tard aux Forces d'opérations spéciales qu'elles pouvaient recevoir l'ordre d'entreprendre des raids éclairs à haut risque, soit à Khatoum pour capturer un proche collaborateur de Ben Laden, connu sous le nom de Abu Hafs le Mauritanien...; ...soit à Kandahar pour capturer Ben Laden en personne." (Page 130 version US et page 159 version Française).

Le rapport le dit bien: "...qu'elles pouvaient recevoir l'ordre d'entreprendre des raids éclairs à haut risque". Qu'elles "pouvaient", et non qu'elle "recevrait" ou "recevait l'ordre" d'agir. Alors que, comme nous l'avons vu précédemment, l'opération de capture est prête depuis le 24 avril 1998, les forces spéciales ne reçoivent pas l'ordre d'intervenir. De plus, comme nous le verrons plus loin, un Mémorandum du président avait déjà donné l'ordre à la CIA de capturer Ben Laden.

"A cette époque, les opérations spéciales étaient considérées ocmme une "autorité de soutien" et non pas comme "une autorité décisionnaire". C'est-à-dire qu'elle dépendait d'un commandement des opérations et ne concevaient pas elles-mêmes leurs plans contre Al-Qaïda. Shoomaker proposa à Shelton et Cohen que les opérations spéciales deviennent un autorité décisionnaire, mais la proposition sera rejetée. Si elle avait été acceptée, dit-il, il aurait pris en main la mission Al-Qaïda au lieu d'en référer à Zinni. Le lieutenant général William Boykin, alors représentant du ministère de la Défense pour les services de renseignements, et membre fondateur de la Force Delta, nous a affirmé qu' "on avait laissé passer des opportunités à cause d'une réticence à prendre des risques et d'un manque de vision d'ensemble et de coopération"...; "...Le président Clinton se fia aux conseils du général Shelton, qui lui expliqua que, sans renseignements sur l'endroit où se trouvait Ben Laden, une opération commando était presque assurée d'échouer." (Page 136 version US et page 165 version Française).

Donc Shoomaker (le général qui était à la tête du commandement des Force Spéciales) avait souhaité que les Forces d'opérations spéciales puissent recevoir le droit d'agir seules, et de prendre l'entière responsabilité de l'opération (plan de capture/ordre d'intervenir/rélisation de l'opération). Mais cela sera refusé par Shelton, soutenu par le président.

 

Une opération pour supprimer Ben Laden à l'initiative de l'antenne de la CIA en Afghanistan est stoppée par les "hauts responsables" de Washington.

"Le 18 décembre, la CIA rapporta que Ben Laden pourrait se rendre à Kandahar et que les missiles de croisières pourraient alors l'atteindre à cet endroit. Des navires équipés de missiles de croisière Tomahawk étaient basés dans la mer d'Arabie, et pouvaient faire feu quelques heures après avoir reçu des données sur la cible.

Le 20 décembre, des renseignements indiquèrent que Ben Laden allait passer la nuit dans la maison d'Haji Habash, qui faisait parti de la résidence du gouverneur à Kandahar. Le patron de la cellule Ben Laden, "Mike", nous a dit avoir immédiatement informé Tenet et son adjoint, John Gordon. Sur le terrain, Gary Schroen de la CIA recommanda: "Frappez-le ce soir - nous n'aurons peut-être pas d'autres occasions comme celle-ci". On organisa dans l'urgence une téléconférence entre les hauts responsables.

Les hauts responsables examinèrent l'option d'une frappe de missiles de croisière pour essayer de tuer ben Laden. Un des problèmes soulevés était les dommages collatéraux potentiels - le nombre de victimes innocentes qui seraient tuées ou blessées. Le général Zinni en prévoyait un nombre bien supérieur à 200 et s'inquiétait des dégâts sur une mosquée voisine; ...A la fin de la réunion, les responsables prirent la décision de ne pas recommander les frappes au président." (Page 130 version US et page 159 version Française).

Le responsable de terrain sur place en Afghanistan donne directement l'ordre d'agir au plus vite. A la suite de cet ordre, il y a l'organisation d'une téléconférence en urgence, dont le résultat sera, la décision de ne pas intervenir, et ce, sans même en informer ou demander l'avis du président. On remarque que les ordres de la CIA sur le terrain sont contredit et annulés par Washington.

"Des responsables à l'échelon inférieur étaient mécontents. "Mike" expliqua à Shelton qu'il avait été incapable de dormir après cette décision. "je suis certain que nous allons regretter de ne pas avoir agi la nuit dernière", écrivit-il, critiquant les responsables "de s'inquiéter que des éclats d'obus viennent toucher la mosquée de Habash et ainsi "offenser" des musulmans. Il ajouta qu'ils n'avaient pas montré tant de sensibilité quand on avait décidé de bombarder des musulmans en Irak. Les responsables, disait-il, sont "obsédés" par l'idée d'essayer de "faire faire par d'autres" (les Saoudiens, les Pakistanais, les tribus afghanes) "ce que nous ne voulons pas faire"." (Page 131 version US et page 160 version Française).

Effectivement, la remarque de "Mike" est pertinente. Alors que tout est prêt pour une intervention secrète Américaine, en fait les responsables souhaiteraient que l'opération soit réalisée par un autre pays. Et selon "Mike", ils ne veulent pas réaliser la capture eux-même, alors que c'est ce qui avait été mis au point par la cellule Ben Laden de la CIA. Au lieu de dire qu'ils préféreraient que ce soit un autre pays qui capture Ben Laden, il semblerait plus juste de dire qu'en fait, ils ne veulent pas que Ben Laden soit capturé tout court.

 

La CIA continue de gagner du temps en demandant à ce que les tribus participant à l'opération d'enlèvement, aient le droit d'utiliser la force, puis qu'elles puissent être payées.

"Les responsables commencèrent à envisager d'autres possibilités, secrètes et plus agressives avec le concours des tribus. Des agents de la CIA suggérérent que les tribus préféreraient tenter un raid plutôt qu'une embuscade sur la route, parce qu'elles contrôleraient mieux les choses, que cela serait moins dangereux et que cela correspondrait davantage à leur savoir-faire et à leur expérience... ; ...Le Mémorandum de notification en vigueur ordonnait à la CIA de capturer Ben Laden et de n'utiliser la force qu'en cas de légitime défense. On s'attela alors à la rédaction d'un nouveau mémorandum qui offrirait davantage de marge de manoeuvre aux tribus. L'intention était de dire qu'elles pouvaient employer la force pour tuer s'il était impossible de mener à bien l'opération de capture. 

les premières moutures de ce document hautement sensible insistaient sur le fait que seule une opération de capture était autorisée. On ne devait payer les tribus que si elles capturaient Ben Laden, pas si elles le tuaient. Les responsables du gouvernement approuvèrent ce projet. Mais le 21 décembre, le lendemain du jour où les responsables avaient décidé de ne pas lancer l'attaque aux missiles de croisière sur Kandahar, les chefs de la CIA demandèrent à ce que l'on durcisse le ton afin de permettre aux tribus d'être payées, que Ben laden soit capturé ou tué. Berger et Tenet travaillèrent de concert pour pousser encore plus loin cette idée." (Page 131-132 version US et page 160 version Française).

Que les tribus, "préféreraient tenter un raid plutôt qu'une embuscade sur la route", cela avait déjà été pris en compte avec la préparation de l'opération de capture fin 1997/début 1998 pour le premier Mémo, donc il n'y a rien de nouveau. Des agents de la CIA veulent que les tribus puissent utiliser la force pour tuer Ben Laden, si la capture échouerait. Ce qui provoquera la rédaction d'un autre Mémorandum, avec bien-sûr les discussions qui iront avec (tous les moyens pour gagner du temps sont bons). Et on voit qu'alors qu'il y a déjà le Mémo de notification donnant l'ordre à la CIA de capturer Ben Laden (c'est direct et sans équivoque possible), la CIA ne bouge pas. Effectivement, comme nous l'avons vu plus haut, les Forces d'opérations spéciales ne recoivent jamais l'ordre d'intervenir. 
Et le nouveau Mémo à peine rédigé, il y aura une autre question qui arrivera sur le tapis, avec une demande antérieure des chefs de la CIA (datant du 21 décembre), qui voulaient que les tribus puissent être payées. Pourquoi cette question n'a-t-elle pas été débattue en même temps, pendant les discussions visant à donner plus
de marge de manoeuvre aux tribus ? Les responsables et les agents de la CIA ne savent pas traiter deux sujets à la fois au cours de la même réunion ? 

 

Le nouveau Mémorandum permettait de tuer Ben Laden, lors de l'opération d'enlèvement.

"...Le nouveau Mémorandum allait permettre de tuer Ben Laden, si la CIA et les tribus estimaient sa capture impossible (une opinion à laquelle, de toute évidence, ils s'étaient rangés). Le juriste du ministère de la Justice qui a travaillé sur le projet de Mémorandum nous a dit qu'il était prévu qu'une tribu prenne d'assaut un lieu précis, et qu'une fusillade s'ensuivrait. Ben Laden, ainsi que d'autres, seraient capturés si possible, mais plus vraissemblablement tués. La position de l'administration consistait à dire que, selon la loi des conflits armés, tuer une personne qui représente un danger imminent pour les Etats-Unis serait un acte de légitime défense, et non un assassinat. La veille de Noël 1998, Berger envoya un projet définitif au président Clinton, avec un mémo explicatif. Le président approuva ce document." (Page 132 version US et pages 160-161 version Française).

Etant donné que la Maison Blanche considérait cette opération comme heutement sensible, seul un nombre très réduit de personnes était au courant de ce Mémorandum de notification. Berger fit en sorte que le conseiller légal du NSC en informe Albright, Cohen, Shelton et Reno. Personne ne fût autorisé à en détenir un exemplaire. Les responsables du Congrès furent mis au courant, comme le prévoit la loi..."." 

"...Un message de Tenet aux agents de terrain de la CIA leur demanda de communiquer aux tribus les instructions validées par le président: les Etats-Unis préféraient que Ben Laden et ses lieutenants fussent capturés, mais si le succès de l'opération de capture s'avérait impossible, les tribus avaient la permission de tuer." (Page 132 version US et page 161 version Française).

En effet, ce Mémorandum de notification est "hautement sensible", puisqu'il donne implicitement une autorisation officielle à la CIA, de pouvoir supprimer une personne, à partir du moment où cette dernière, désignée par les autorités Américaines, "représente un danger imminent pour les Etats-Unis". C'est ni plus-ni moins, qu'un "permis de tuer" en bon et dû forme, n'importe qui, dès qu'un individu est considéré par le pouvoir comme un "danger imminent". Reste à savoir ce qui motive la qualification de "danger imminent pour les Etats-Unis" et qui, peut se retrouver viser par cette accusation. Alors que les "responsables" cherchent officiellement à "se couvrir" pour l'opération Ben Laden, l'autorisation présidentielle figurant dans le Mémo, se retranche alors dérrière la "loi des conflits armés". Mais celle-ci est forcémment caduque et n'a aucune assise juridique, puisque les Etats-Unis ne sont alors en guerre ouverte avec aucun autre pays.

 

L'Alliance du Nord est exclu par le président Clinton, du droit de pouvoir de tuer Ben Laden, par les dispositions d'un nouveau Mémorandum.

"En février 1999, un autre projet de Mémorandum de notification parvint au président Clinton. Il lui demandait d'autoriser la CIA à donner exactement les mêmes indications à l'Alliance du Nord que celles que venaient de recevoir les tribus: ils pouvaient tuer Ben Laden si le succès de l'opération de capture s'avérait impossible. A cette occasion, cependant, le président Clinton élimina les termes clés qu'il avait approuvés en décembre et y fit figurer des termes plus ambigus. Personne par ceux que nous avons interrogés n'a pu faire la lumière sur les raisons de cette démarche. Le président Clinton a affirmé à la commission qu'il n'avait aucun souvenir des raisons pour lesquelles il reformula les termes.

Plus tard en 1999, quand on eu besoin d'une autorité légale pour engager encore davantage de collaborateurs et pour couvrir un éventail encore plus large éventualités, les juristes revinrent à la formulation employée en août 1998, qui n'autorisait l'usage de la force que dans le cadre d'une opération de capture. Etant donné l'extrême retenue dont faisait preuve le document approuvé en décembre 1998, et le retour consécutif à la formulation précédente, il est possible de comprendre comment les anciens responsables de la Maison Blanche et les responsables de la CIA ont pu être en désaccord sur le point suivant: la CIA a-t-elle jamais été autorisée par le président à tuer Ben Laden ?". (Page 133 version US et page 162 version Française).

On ne connait pas les changements qu'avait fait Clinton, pour ce Mémo de février 1999. Mais le nouveau document revient en arrière. En tous les cas, officiellement, ce serait à cause de ce retour à l'ancienne version et les modifications du président, que l'autorisation pour la CIA de tuer Ben Laden serait devenue très flou, ou qu'elle n'aurait pas eu vraiment lieu. Mais en fait, comme nous l'avons-vu auparavant, la CIA a déjà une telle autorisation depuis le 24 décembre 1998. La Commission pose la question dans le but de semer le doute, alors que nous avons déjà la réponse.

 

Au passage, reconnaissance que l'invasion de l'Afghanistan n'aurait pu avoir lieu, sans les attentats du 11 septembre.

"Outre une implication politico-militaire à large échelle pour mettre en place une structure secrète ou clandestine employant du personnel américain sur le terrain (soit militaire, soit de la CIA), une option d'envergure encore supérieure aurait pu être envisagée: l'invasion même de l'Afghanistan. Chacun des responsables interrogés au sujet de la possibilité d'une invasion de l'Afghanistan a affirmé que c'était pratiquement inconcevable, sans une provocation comme le 11 septembre, étant donné les maigres perspectives de coopération de la part du Pakistan et d'autres nations, et aussi parce qu'ils étaient convaincus que l'opinion publique ne la soutiendrait pas." (Page 137 version US et page 167 version Française).

Assez difficile d'être plus explicite, sur le fait que pour qu'il y est invasion de l'Afghanistan, il fallait un bon prétexte, donc que les attentats du 11 septembre devaient avoir lieu, pour que l'objectif prévu (implantation du complexe militaro-industriel Américain en Asie Centrale) puisse être réalisé. Comme on dit: A qui profite le crime ? Au régime des Talibans ? Non, l'invasion du pays par les Américains à mis fin à leur régime. Aux Etats-Unis ? Qui occupaient le pays ? Qui avait toutes les possibilités de pouvoir exploiter le pétrole Afghan ? Qui a relancé la culture des champs de pavot et ainsi la production d'opium, et par contre-coup la production d'héroïne, faisant par-la même des bénéfices se chiffrant en centaine de millions de dollars ? Qui, au niveau géo-politique, a pu enfin se retrouver dans un endroit stratégique qu'il convoitait depuis longtemps, pour pouvoir contrer l'influence Russe sur la région ? 

 

Des officiels Saoudiens se rendaient régulièrement en Afghanistan pour y rencontrer Ben Laden.

"Le camps du désert, février 1999

Au début de 1999, la CIA reçut des rapports établissant que Ben Laden passait une grande part de son temps dans un des nombreux camps du désert Afghan, au sud de Kangahar. Au début du mois de février, Ben Laden fût localisé aux environs du camp de Cheikh Ali, un camp de chasse dans le désert qu'utilisaient des visiteurs originaire d'un Etat du Golfe. des sources publiques ont établi que ces visiteurs étaient originaires des Emirats arabes unis.

Des rapports établis par des hommes de la CIA fournirent une description détaillé du camp de chasse, incluant ses dimensions, sa localisation, ses ressources et les mesures de sécurité déployées, ainsi que celles du camps adjacent, plus petit, de Ben laden. Etant donné que ce n'était pas une zone urbaine, il y avait moins de risque que les frappes de missiles causent des dommages collatéraux. Le 8 février, l'armée commença à se tenir prêt pour une frappe éventuelle. Le lendemain, les services techniques du renseignement national apportèrent confirmation de la localisation et de la description du plus grand des deux camps, et indiquèrent la présence voisine d'un avion officiel des Emirats arabes unis...;...D'après les renseignements des tribus, Ben Laden se rendait régulièrement de son camp voisin au camps le plus important où il rendait visite aux gens des Emirats. les tribus s'attendaient à ce qu'il se trouve au camp de chasse, lors d'une telle visite, au moins jusqu'au milieu de la matinée du 11 février." (Page 137 version US et page 167 version Française).

"Clake écrivit au représentant Berger le 10 février que l'armée travaillait alors sur les données de visée du camp principal avec des missiles de croisière, et qu'elle devait être en mesure de faire feu le lendemain matin. Le porte-parole de la Maison Blanche Dennis Hastert semble avoir été informé de la situation." (Page 138 version US et page 168 version Française).

"Aucune frappe ne fût lancée. Le 12 février, Ben Laden était apparemment parti, et les plans concernant une frappe immédiate furent remis en cause. selon la CIA et des responsables de la Défense, les décideurs politiques craignaient que l'on coure le danger de tuer un prince des Emirats, ou d'autres responsables qui auraient pu se trouver avec, ou tout près de Ben Laden, lors des frappes. Clarke nous a affirmé que les frappes furent annulées après une consultation avec le directeur Tenet, parce que les renseignements étaient incertains, et il avait semblé à Clarke que la CIA avait eu l'air de proposer une option consistant à attaquer le meilleur allié antiterroriste des Etats-Unis dans le Golfe. le responsable de la CIA en charge du terrain, Gary Schroen, eut le sentimant que les rapports de renseignements, dans ce cas précis, étaient tout à fait fiables. Le chef de la cellule Ben Laden, "Mike", partageait ce point de vue." (Page 138 version US et page 168 version Française).

 

Les Emirats Arabe Unis protégeaient Ben Laden, et lui transmettaient des informations sur les intentions des Américains.

"Le 7 mars 1999, Clarke appela un officiel des Emirats arabe unis pour lui faire part de ses craintes concernant une association possible entre des officiels des Emirats et Ben Laden. Clarke écrivit plus tard, dans un mémorandum sur cette conversation, que cet appel avait été approuvé lors d'une réunion entre les différentes agences et avait reçu l'aval de la CIA. Lorsque l'ncien chef de la cellule Ben Laden eut vent de l'appel de Clarke, il questionna des responsables de la CIA, qui nièrent avoir donné ce feu vert. Des clichés confirmèrent que, moins d'une semaine après l'appel de Clarke, le camps fût démantelé à la hâte et l'endroit déserté. Des agents de la CIA, parmi lesquels le directeur adjoint des opérations Pavitt, en furent furieux...". 

Quelques jours après que des officiels Saoudiens aient appris par le biais de l'appel de Clarke, que le camp de chasse était ciblé par la CIA, le camps fût entièrement démentelé. Rien qu'en se basant uniquement sur cet appel, on voit que les seuls ayant pu mettre au courant Al Qaïda et Ben Laden (avec qui ils étaient déjà en contact), sont bien-sûr les officiels Saoudiens. Donc, tout comme nous l'avons déjà vu précédemment avec le Pakistan, les Emirats jouent eux-aussi un double jeu, en protégeant Ben Laden, et en empêchant qu'il soit supprimé par les Américains. D'ailleur, qu'en la matière les Emirats Arabes se retrouvaient à "jouer sur les deux tableaux", le rapport le dira par cette phrase:

"Les Emirats arabes unis étaient à la fois en train de devenir un allié de valeur des Etats-Unis pour le contre-terrorisme, et un problème antiterroriste persistant."... (Page 138 version US et page 168 version Française).

 

Les Saoudiens reconnaitrons n'entretenir des relations diplomatiques qu'avec les Talibans.

"En juillet 1999, le ministre d'état des Affaires étrangères des Emirats, Hamdan ben Zayidd, menaca de rompre toute relation avec les Talibans à cause de Ben Laden...; ...Ben Zayid expliqua plus tard à un diplomate américain que les Emirats tenaient à leur relation avec les Talibans car les radicaux afghans offraient un contrepoids aux "dangers iraniens" dans la région, mais il ajouta que les Emirats ne voulaient pas contrarier les Etats-Unis." (Page 138-139 version US et page 169 version Française).

"En février 1999, Tenet demanda l'autorisation du président Clinton pour enrôler Massoud et ses troupes comme partenaires. En réponse à cette requête, le président signa le mémorandum de notification dont il modifia personnellement la formulation. Tenet affirme qu'il ne perçut aucune signification dans les changements apportés par le président. En ce qui le concernait, il s'agissait du même langage qu'en août 1998, qui exprimait une préférence pour la capture, mais qui admettait la possibilité que Ben laden ne s'en sorte pas vivant."... (Page 139 version US et page 169 version Française).

 

Une autre intervention contre Ben Laden stoppée au dernier moment par la CIA.

"Kandahar, Mai 1999

Ce fût à Kandahar que peut-être la dernière et très certainement la meilleure opportunité se présenta d'atteindre Ben Laden avec des missiles de croisière avant le 11 septembre. En mai 1999, les hommes de la CIA en Afghanistan firent état de la présence de Ben Laden à, et autour, de Kandahar, pendant cinq jours et cinq nuits d'affilés. leur rapport était très détaillé et s'appuyait sur plusieurs sources...; ...Les liaisons étaient bonnes et les missiles de croisière parés. "Le but était à notre portée", a affirmé un haut gradé. "Un tir cadré, et la balle allait finir au fond des filets". Il s'attendait à voir partir les missiles. Lorsque la décision leur parvint de tout arrêter, de ne pas faire feu, ce haut gardé affirma: "On est tombé des nues". Il nous a dit qu'il ne connaissait personne au Pentagone ou à la CIA qui jugeait que le jeu n'en valait pas la chandelle. Ben Laden "aurait dû être un homme mort" cette nuit-là, a-t-il dit.

Des responsables de terrain de la CIA partageaient ce point de vue...;...A ce moment-là, leurs supérieurs expliquèrent aux responsables de terrain de la CIA qu'on avait pas ordonné les frappes parce que l'armée mettait en doute les renseignements et s'inquiétait des dommages collatéraux. Pour répondre à la frustration d'un collègue sur le terrain, le chef de la cellule Ben Laden écrivit: "Avoir la chance de le tenir [Ben Laden] trois fois en 36 heures et se priver de cette chance à chaque fois, m'a mis un peu en colère"...; ...Mais le haut gradé cité précédemment rappela que le Pentagone s'était montré désireux d'agir." (Page 140 version US et page 170 version Française).

"...L'histoire se complique en outre par l'absence de Tenet à la réunion cruciale des responsables portant sur les frappes (apparemment, il n'était pas en ville); son adjoint, John Gordon, représentait la CIA. Gordon se souvient avoir présenté les renseignements sous un jour favorable, avec les mises en garde d'usage, mais en affirmant que ces renseignements étaient aussi bons que possible.

Berger se souvient seulement que, dans tous les cas de ce genre, la décision était venue de Tenet..."." (Page 140 version US et page 171 version Française).

Cela fait donc la troisième fois que le directeur de la CIA, Tenet, stoppe une intervention contre Ben Laden. D'abord la tentative de capture, et ensuite deux occasions de frappes par des missiles de croisière, du lieu où il se trouve. 

"La perspective de frappes plus larges, durant l'été 1999, se fit en partie dans un contexte de crainte renouvelée quant à l'ambition de Ben Laden de se procurer des armes de destruction massive. En mai et juin, le gourvernement américain reçu une avalanche de rapports alarmants, incluant des renseignements supplémentaires des expérimentations ou des mises au point d'armes chimiques dans le camps de Derunta, et sur de possibles tentatives de réunir des matériaux nucléaires à Herat.

Fin juin, les sevices de renseignements américains, et d'autres pays, étaient arrivés à la conclusion qu'Al-Qaïda était sur le pied de guerre...; ...Le 25 juin, à la requête de Clarke, Berger réunit la Petit Équipe dans son bureau pour discuter de cette alerte, des programmes d'armes de destruction massive de Ben Laden et de sa localisation. "Devrions-nous attaquer de manière préventive les installations de Ben Laden ?" C'est la question que Clarke incita Berger à poser à ses collègues.

Dans ses notes manuscrites du compte rendu de la réunion, Berger écrivit que 7 à 11 familles se trouvaient dans les installations de Tarnak Farms, ce qui pouvait signifier 60 à 65 victimes. Berger nota le "faible impact" potentiel sur Ben Laden et ajouta: "s'il riposte, c'est à nous que l'on fera porter le chapeau." L'état-major du Conseil national de sécurité (NSC) évoqua la solution d'attendre qu'un attentat terroriste se produise, puis de riposter, en incluant d'éventuelles frappes contre les Talibans...". (Page 141 version US et pages 171-172 version Française).

"La voie militaire semblait être dans une impasse. En décembre 1999, Clarke conseilla à Berger de demander aux responsables de s'interroger: "Pourquoi n'y a-t-il eu récemment aucune solution sérieuse pour mener une action américaine directe ?" Aucune note ne dit si cette question fût discutée ou, si elle le fût, quelle réponse fût apportée." 

"Puisque les solutions militaires et diplomatiques étaient pratiquement épuisées à l'été 1999, le gouvernement américain semblait se retrouver au même point que pendant l'été 1998, à savoir se reposer sur la CIA pour trouver des solutions nouvelles. Cette perspective semblait également décourageante. On avait réussi des opérations de démantèlement et d'extradition contre Al-Qaïda au sens large. Mais les tentatives d'actions secrètes en Afghanistan n'avait pas porté de fruit." (Pages 141-142 version US et page 172 version Française).

 

Les responsables de la cellule Ben Laden sont remplacés.

Au milieu de l'année 1999, de nouveaux dirigeants furent nommés à la tête du Centre antiterroriste (CTC) et de la cellule Ben Laden. Le nouveau directeur du CTC, en remplacement de "Jeff" était Cofer Black. Le nouveau chef de la cellule Ben Laden était "Richard". Black, "Richard", et leurs collègues commencèrent à échafauder une nouvelle stratégie opérationnelle pour attaquer Al-Qaïda. Leur point de départ était d'obtenir de meilleurs renseignements, en s'appuyant davantage sur les propres sources de la CIA et moins sur les tribus."  (Page 142 version US et page 172 version Française).

"En juillet 1999, le président Clinton autorisa la CIA à collaborer avec plusieurs gouvernements afin de capturer Ben Laden, et étendit la portée de ces efforts jusqu'aux principaux lieutenants de Ben laden...; ...La CIA travailla aussi, mais de façon éphémère, sur la possibilité de travailler avec une équipe pakistanaise dont nous avons déjà parlé, et sur une collaboration avec l'Ouzbékistan. Les Ousbeks avaient besoin d'équipements de base ainsi que d'entrainement. Aucune action ne pouvait être envisagée avant mars 2000, au plus tôt. (Page 142 version US et pages 172-173 version Française).

A l'automne 1999, Tenet (de la DCI) dévoila une nouvelle stratégie de la CIA contre Ben Laden. On appela cela, tout simplement, "le Plan". Le plan prévoyait de poursuivre les opérations de démentèlement dans le monde entier. Il prévoyait un programme pour embaucher et former de meilleurs agents dotés de compétences antiterroristes, pour recruter davantage d'effectifs et pour essayer d'infiltrer les rangs d'Al Qaïda. Le Plan avait pour but de colmater les brèches dans la collecte technique de renseignements (signal et imagerie)...".  (Page 142 version US et page 173 version Française).

"En dernier lieu, la CIA envisagea la possibilité d'envoyer des effectifs américains sur le terrain en Afghanistan. La CIA avait déjà évoquée cette option avec le commandement des opérations spéciales, et elle avait sucité de l'enthousiasme au niveau inférieur, mais de la réticence dans les échelons supérieurs. La CIA estimait à 95 % les chances de réussite d'une opération de capture de Ben Laden par les forces du commandement des opérations spéciales, si celles-ci étaient déployées...". (Page 143 version US et page 173 version Française).

La première équipe Ben Laden est donc remplacée, après avoir mise en place une opération d'enlèvement de Ben Laden, que la CIA estimait à 95% de chances de réussite. Dans ce cas, pourquoi avoir dit au FBI et au District-Attorney de New York que l'opération n'avait que 30% de chances de réussir ? Et pourquoi ne pas lancer l'opération de capture ? La CIA veut des mesures pour réunir plus d'informations et recruter plus d'agents, mieux formés à l'antiterrorisme. Voilà la nouvelle stratégie de la CIA contre Ben Laden pour l'année 2000. (Nous y reviendrons).

 

Sources:
"11 septembre - Rapport de la Commission d'enquête - Rapport final de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis", (édition Française), Editions des Equateurs;
www.9-11commission.gov;
www.govinfo.library.unt.edu.