ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE: LA CONTRE-ENQUÊTE (Partie 44)

Qui a donné la composition des listes de passagers qui parviendront au FBI et aux organismes du renseignement, le matin du 11 septembre ?

Les listes de passagers qui seront publiées après le 11 septembre ne correspondront pas en terme de nombre de passagers et de noms de certains passagers, par rapport à ce que deviendront les listes de victimes des quatre vols (nous y reviendrons). Le problème, c'est la question de la provenance des listes de passagers, présentées le matin même des attentats, qui comme vous allez le voir, ne se pose pas seulement le lendemain ou les jours suivants. Mais déjà, dès la matinée du 11 septembre.

Officiellement, les listes de passagers ont été demandées et sont arrivées à un seul organisme, qui les a fait parvenir aux autres: Le "Custom and Border Protection", les "Douanes et la Protection des Frontières".

Interrogé durant la 7ème audience devant la Commission le 26 janvier 2004, Robert C. Bonner, devenu directeur du "Custom and Border Protection" (nouvellement mis en place après le 11 septembre) donne des indications:

À propos de 10h05 le matin du 11 Septembre, les Douanes américaines étaient au niveau d'alerte 1 à tous les points d'entrée dans le pays et qui est le plus haut niveau d'alerte de sécurité...".

"Dans la matinée du 9/11, je n'avais pas encore été confirmé en tant que commissaire des Douanes. J'ai été, je crois, une personne désignée par le commissaire, qui avait un bureau temporaire au quatrième étage du département du Trésor et avec tous les autres employés du Trésor, à environ 9:30, 9:35 am, j'ai évacué le département du Trésor et puis rejoint le secrétaire par intérim du Trésor, Ken Dam au centre de commandement du Quartier Général du Secret Service à quelques pâtés de maisons. Et, une fois là-bas, j'ai pu établir immédiatement le contact avec le siège des Douanes américaines dans le bâtiment Ronald Reagan.

"...Dans la matinée du 9/11, grâce à une évaluation des données - soit dit en passant, ce fut le par le passage des manifestes, à qui les Douanes américaines ont pu accéder par les compagnies aériennes - Je dirais que, en une heure environ le 9/11 le US Customs Office of Intelligence avait identifié les 19 pirates de l'air probables ainsi que la liste complète des passagers dans les avions..." (pages 137-138).

"MR. BEN VENISTE: Permettez-moi de vous demander brièvement sur votre déclaration au sujet de la journée du 9/11 que j'ai trouvé très intéressant. Vous dites que, le matin du 9/11, par une évaluation des données relatives à la liste des passagers des quatre détournement terroristes des avions, le Bureau du renseignement des Douanes a pu identifier les susceptibles pirates de l'air terroristes dans les 45 minutes suivant l'attaque, les douanes ont transmis les listes de passagers avec les noms des victimes et 19 pirates de l'air probables au FBI et la communauté du renseignement. Comment vos employés ont été capables de le faire ?

MR. BONNER: Eh bien, c'était assez simple en fait. Nous étions en mesure de tirer des compagnies aériennes le manifeste des passagers pour chacun des quatre vols. Nous avons parcouru le manifeste à travers le système TECS/IBIS. C'est essentiellement le système de surveillance consultable aux États-Unis. Les Douanes et l'INS en font l'utilisation mais il est maintenu par les Douanes. Nous l'avons rentrer à travers le système. Deux des passagers sur les avions étaient repérés pour avoir été inscrits sur la liste en Août 2001. C'était al Mihdhar et j'ai oublié le nom de l'autre, mais ils étaient les deux personnes qui étaient allés à Singapour que la CIA avait identifié. Mais en fait ils ont été mis sur la liste de Août 2001 par le FBI. Alors ils ont tapé les deux. Tout en utilisant ces deux coups sûrs et jeter un oeil sur une autre base de données sur le manifeste de vol, à la fois en termes de - Je ne sais pas et je ne veux pas entrer beaucoup dans les détails - mais où ils étaient assis, où ils avaient acheté leurs billets, vous pouviez juste faire une rapide analyse des liens et essentiellement, je me souviens que j'étais au siège du Secret Service, comme je l'ai dit, mais je dirais que si elle était de 45 minutes, je ne sais pas, mais je me souviens que certainement vers 11h00, j'avais vu une feuille qui identifiait essentiellement les 19 pirates probables. Et en fait, ils se sont avéré être, en fonction de ce qui a suivi par l'enquête détaillée, qu'ils étaient les 19.

MR. BEN VENISTE: Etait-ce plus que de regarder les deux qui ont été repérés et puis vérifier les autres noms arabes ?

MR. BONNER: C'est en partie ce que c'était, soit dit en passant, mais c'était plus que cela. Non, c'était l'emplacement du siège, information d'achat de billets. Encore une fois, je suis sur le registre public ici. Je ne veux pas entrer dans les détails exacts puisque nous utilisons certaines de ces informations en termes de ciblage des terroristes potentiels. Nous avons en fait utiliser, comme je le disais, l'information préalable sur les voyageurs à identifier au-delà de qui est sur la liste de surveillance par la biographie et d'essayer de faire un travail plus intelligent pour savoir qui, comme l'immigration combiné avec l'inspection et le contrôle douanier, du Customs and Border Protection à qui vous aimeriez poser quelques questions sur comment ils sont arrivé aux États-Unis.".

Donc, vous faites plus que simplement regarder une liste de surveillance. Vous regarder une grande quantité de données à essayer de comprendre qui regarder, tout comme de la même manière que nous cherchons ce qu'il y a à voir dans le chargement en examinant une multitude de facteurs. C'est, dans une certaine mesure, de l''intelligence stratégique entraînée. Donc, nous étions à la recherche d'un tas de données relationnelles. De toute évidence, quelques raffinements se sont produits plus tard mais c'était -- ça ne prend pas beaucoup de temps à faire, juste un peu ce que je dirais être une analyse rudimentaire d'un lien pour identifier essentiellement tous les 19." (pages 152 à 154).

Alors, il n'y avait seulement que deux terroristes repérés par les Douanes, qui seront identifiés d'après la liste de surveillance du FBI. Les autres prétendus "pirates de l'air" désignés, ne le deviendront que par "une analyse rudimentaires d'un lien" entre eux. Ce qui, il faut bien le dire, est plutôt mince pour pouvoir dire avec certitude, dans la matinée du 11 septembre, qui étaient réellement ceux qui avaient détournés les quatre vols.

Les Douanes ont donc demandées aux compagnies aériennes  les listes des avions détournés et après avoir consulté les base de données anti-terroristes et la liste de surveillance du FBI, ont réussit à identifier les 19 pirates de l'air. Et comme Bonner le précise lui-même, le personnel du département du Trésor des Douanes avait évacué et se rabattent au QG du Secret Service (1). Donc, c'est une précision importante, Bonner ne se trouve pas au siège des Douanes américaines dans le bâtiment Ronald Reagan. Il raconte donc des évènements auxquels il n'a pas assisté réellement, puisqu'il n'était pas sur les lieux (on peut même se demander pourquoi c'est lui qui est appelé à témoigner et non le personnel du bureau de renseignement des Douanes).

Quand on se tourne vers le FBI pour en savoir plus, sur les conditions dans lesquelles le bureau fédéral a obtenu la liste des passagers et celle des 19 pirates de l'air, c'est le conseiller à l'antiterrorisme Richard Clarke qui nous renseigne (dans son livre "Against All Enemies", "Contre tous nos ennemis", pages 13 et 167-169). D'après ce dernier, le FBI l'a informé le 11 septembre vers 10 heure du matin, qu'il avait identifié plusieurs agents d'Al Qaïda par l'examen des listes de passagers, envoyées par les compagnies aériennes. Aucune mention du FBI sur un envoi venant du Custom and Border.
Et le directeur de la CIA, George Tenet, donnera la même version. Que dans la matinée, ils avaient identifiés plusieurs terroristes d'Al Qaïda, d'après les listes de passagers, toujours reçues des compagnies aériennes. Là non-plus, il n'indique pas que les listes auraient transitées par les Douanes, avant de leur parvenir.

Il est difficile de croire que le FBI puisse connaitre les 19 pirates de l'air vers 10 heures du matin. Puisque, comme le dit le commissaire Ben Veniste lui-même: "...dans les 45 minutes suivant l'attaque, les douanes ont transmis les listes de passagers avec les noms des victimes et 19 pirates de l'air probables au FBI et la communauté du renseignement". Et Bonner précise: "...vers 11h00, j'avais vu une feuille qui identifiait essentiellement les 19 pirates probables. Et en fait, ils se sont avéré être, en fonction de ce qui a un suivi par l'enquête détaillée, qu'ils étaient les 19." Mais, si les Douanes ont réussit à identifier les 19 terroristes vers 11h00 du matin et que ce sont elles, qui ont ensuite fait passer l'information aux autres organismes, comment le FBI peut-il identifier plusieurs noms des pirates de l'air, aux alentours de 10h00, près d'une heure avant que officiellement, les listes et les identifications ne leur parviennent ?

Cinq des 19 pirates de l'air désignés initialement, n'avait pas leurs noms sur les listes de passagers.

Comme nous venons de le voir, la question de la provenance des listes se pose, mais ce n'est tout. D'après la version officielle (et comme vous avez pu le lire avec les déclarations de Robert Bonner), les autorités auraient donc identifiée immédiatement, en approximativement une heure, tous ceux, qui seront présentés par la suite comme étant les 19 pirates de l'air d'Al Qaïda, qui auraient commis les attentats. Mais, il est impossible que cela est pu se faire, car plusieurs de ces terroristes, n'avaient - le matin du 11 septembre - pas leurs noms sur la liste de surveillance du FBI (Bonner nous dit lui-même qu'il n'ont eu un résultat que pour deux noms) et, encore mieux, l'un des pirates (Hani Hanjour) ne figurait pas sur les listes de passagers.

Alors que les 19 pirates sont censés avoir été identifié avec certitude le matin même du 11 septembre, les communiqués aux médias, dans les jours qui suivront les attentats, ne mentionneront que 18 terroristes.

Le 14 septembre à 10 heures du matin, la correspondante de CNN Kelli Arena, explique que sa chaine a "réussie à obtenir une liste de 18 noms des présumés terroristes, qui devrait être rendu publique par le Ministère de la justice plus tard dans la journée". Elle lit la liste à haute voix est mentionnera un certain "Mosear Caned" (phonétique). Dans la liste présentée un peu plus tard le même jour à 14 heures, Mosear Caned sera trouvera remplacé par Hani Hanjour.
Le 16 septembre, un article du Washington Post, cherchant à savoir pourquoi le nom de Hanjour ne se trouvait pas sur le manifeste de vol d'American Airlines, en arrivera à la conclusion "qu'il n'avait probablement pas de billet". Et personne n'a eu l'air de s'étonner qu'il est plutôt difficile de monter dans un vol commercial quand on n'a pas de billet (2). Et concernant "Mosear Caned", on en entendra plus jamais parler.

Deux autres noms figurant sur la liste de surveillance du FBI, Adnan Bukhari et Ameer Bukhari (que l'on avait présenté comme des frères), ne figuraient pas sur la liste de passagers du Vol AA 11. Et que Ameer Bukhari était en fait mort l'année précédente dans un accident d'avion en Floride (editioncnn.com du 13 septembre 2001, link).
Ils seront alors remplacés par la suite, dans la liste des 19 terroristes, par les frères Wail et Walid al-Sheri. Tout comme pour deux autres hommes, mis sur la liste originale des pirates de l'air du Vol AA 11, Amer Kamfar et Abdulrahman al-Omari. Qui seront remplacés respectivement par Satam al-Suqami et Abdul Aziz al-Omari (Boston Globe du 15 septembre 2001).

Cela fait que cinq pirates de l'air, quatre censés se trouver sur le Vol 11 et un sur le Vol 77, présentés au départ comme étant cinq de ceux qui avaient participés aux détournements, n'avaient pas leurs noms sur les listes de passagers. Dès lors, comment ont-ils pu être soupçonné d'être des "pirates de l'air" des deux vols d'American Airlines, dès 11 heures du matin par les Douanes ?

Comme nous allons le voir, il y a une chose encore plus déterminante, concernant la question de la provenance des listes de passagers, parvenues aux Bureau des Douanes. C'est que les documents internes, des transmissions d'informations de la compagnie American Airlines, ne coïncident pas avec la description officielle des évènements par les trois organismes (Douanes, FBI et CIA), quand on les vérifies. 

Ce que nous apprennent "tous les documents possédés par la Compagnie, incluant e-mail, memos, enregistrements, archives, transcriptions et repérages radars, en regard des détournements des vols le 9/11".

Dans le rapport de la billetterie de la compagnie American, il y a une chronologie de tous les échanges entre la compagnie American Airlines et différents organismes (dont le FBI), entre janvier et octobre 2001 (tout à la fin, "Document en réponse aux requêtes de la Commission Kean C&F Réf: 1278.28079", link).

Quand on consulte ces échanges, ils ne montrent aucune demande de listes de passagers des Vols 11 et 77 par le Custom and Border le matin du 11 septembre.

Il y a deux demandes du FBI (faxées le 12 septembre 2001 pour Suzanne Clarck de la FAA, par un agent dont l'identité est censurée et cette demande sera réitérée le même jour) pour assister un agent spécial (dont l'identité est aussi censurée) et obtenir "les manifestes de vol en regard des attaques terroristes du 9/11/01" (pages 8). Mais on peut voir qu'il n'y aura aucune réponse de la part de la compagnie au bureau fédéral, concernant les Vol 11 et 77, suite à cette réclamation.
Les seuls listes de passagers envoyées au FBI concernaient les Vols 865 et 2413 le 11 septembre et les Vols AA 15, AA 69, AA 160, AA 336, AA 489, AA 2104, tous des vols avant le 11 septembre (à part le AA 2104 le 10 septembre, les autres ont eu lieu entre janvier et juillet 2001). Les autres manifestes qui arriveront au FBI le 12 septembre sont ceux des Vols MQ 3585 et MQ 3611 du 9 septembre 2001 et celui du AA 614 qui arrivera au Bureau le 13 septembre (3).

Le seul document concernant des "pirates de l'air", est un rapport sur les "enregistrements de réservations personnel" ("PNR") antérieurs pour des suspects sur les Vol 11 et 77, qui sera envoyé au FBI le 14 septembre 2001 (pages 7-8). Et un rapport sur les réservations de Mohammed Atta, mais la date d'envoi est inconnue.

Et qu'il n'y a eu aucun envoi de listes de passagers des Vol 11 et 77 de la part de la compagnie American le matin du 11 septembre, ni pour le Custom and Border, ni pour le FBI, ni pour la CIA.

Alors, si les listes de passagers des Vol 11 et 77 ne proviennent pas d'American Airlines, la question est: D'où viennent les manifestes de vol de deux des quatre avions détournés, produits dans la matinée le 11 septembre, et comment le Custom and Border, le FBI et la CIA peuvent-ils établir les noms des 19 pirates de l'air ?

Ces informations ne devaient par provenir de la compagnie American Airlines, mais dans ce cas, qui les a transmises au Custom and Border ? Nous retrouvons ce que nous avons déjà abordé précédemment, certaines personnes impliquées dans les attentats court-circuitent la hiérarchie officielle en faisant parvenir des informations (vrais ou fausses) à différents organismes, au court de la matinée.

Conclusion.

L'identification des 19 pirates de l'air par Les Douanes, le FBI et la CIA, qui s'est faite au matin du 11 septembre, n'a pas pu se faire d'après les vrais listes de passagers des Vol 11 et 77, officiellement fournies par la compagnie American Airlines. Si des listes sont bien arrivées initialement au Custom and Border, on peut dire que leur origine est en fait inconnue. Et qu'elles ne devaient être là, que pour pouvoir présenter le plus rapidement possible aux médias et par conséquent au public, les terroristes d'Al Qaïda, qui deviendront les "19 pirates de l'air du 11 septembre".

Nous verrons par la suite, qu'il se pose aussi des questions, sur la possible connaissance par Amercan Airlines elle-même, de l'identité des personnes se trouvant effectivement dans le Vol 11, dans la matinée du 11 septembre (4).

(1) La cellule des Douanes, 800 employés dans le WTC n°6, un bâtiment de huit étages au nord de la tour n°1, seront aussi évacués et seront sains et saufs.

(2) Le plus fort dans l'histoire, c'est que, il se pourrait en fait rééllement, qu'il n'avait pas de billet. Voir pour plus d'informations, "Les attentats du 11 septembre: La contre-enquête (partie 45).

(3) "MQ" est l'indicatif attribué par l'IATA (International Air Transport Association) pour désigner la compagnie "American Eagle Airlines", qui est une compagnie aérienne régionale. Elle est sous contrat avec American Airlines, pour ce qui est de l'enregistrement des réservations et l'achat de billets. C'est une manière d'amener plus de passagers et aussi une facilité de gestion, que de pouvoir s'appuyer sur des compagnies nationales et de travailler en partenariat avec certaines d'entres-elles. Pour de petites compagnies régionales, c'est une manière de palier à leur manque de moyens, par rapport aux grandes compagnies.

(4) Voir pour plus d'informations, "Les attentats du 11 septembre: La contre-enquête (partie 45).

Sources:
"11 septembre - Rapport de la Commission d'enquête - Rapport final de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis", (édition Française), Editions des Equateurs; 
"Un autre regard sur le 11 septembre, 10 ans après le nouveau Pearl Harbor 2", par David Ray Griffin, Editions Nouvelle Terre, collection "Résistances";
www.commission9-11.gov;
www.govinfo.library.unt.edu;