LES "BLACK PROGRAM": THE HAWAIIAN PROJECT

Publié le par Scaramouche

Un programme de la CIA pour intercepter les courriers de l'île d'Hawaï.

C'était une opération pour intercepter les courriers suspects, en provenance des pays Asiatiques, et qui transitaient aussi sur le territoire de l'île d'Hawaï.
Elle commencera à partir de la mi-1950. 
Elle était conduite conjointement par le personnel de la CIA de l'antenne d'Hawaï
, et le la "Division Head and Customs service", "la division en chef des services douaniers", qui en assurait la couverture et venait en soutien du programme.(1)

Ce sera l'antenne de la CIA d'Honolulu basée à Hawaï, qui sera à l'origine du programme d'interception du courrier. Cette dernière agira de son propre chef, de manière unilatérale, sans aucune autorisation interne du siège de la CIA. La "Division Head and Customs service", "La Division en chef des Douanes" ne sera pas invité à participer à l'opération et encore moins mise au courant du projet (alors que cela aurait été possible). 
Mais les agents de la CIA d'Honolulu, obtiendront la coopération du personnel de la poste Hawaïenne, en leur disant collaborer de manière officielle avec le "Customs Service", les "Douanes Américaines", dans le cadre de la lutte contre la propagande communiste. En effet, le "Registration Foreign Agents Act" (une autorisation du Congrès existait déjà, pour constituer un fichier des agents étrangers qui opéraient aux Etats-Unis)
. Ainsi qu'un ammendement, le "Cunningham Act" (qui autorisait l'interception et l'examen du courrier entrant dans le pays, qui était suspecté de contenir de la propagande communiste).
Mais les autorités Américaines des Douanes, n'avaient pas connaissance de l'opération et n'avaient jamais donné leur accord pour y participer. (Mais elles travailleront tout de même plus tard avec la CIA, et là en toute connaissance de causes, pour un autre projet identique). (2) 

Et le gouvernement Américain, ni le président des Etats-Unis n'avait connaissance du projet d'interception des courriers d'Hawaï.

La sélection des courriers par les agents, se faisait par les "listes de surveillance", des listes de noms (de personnes et d'organisations) qui avaient été établies par la CIA. 

 

La réalisation du programme sur le terrain.

Les agents de la CIA opéreront dans un local sécurisé, à l'intérieur de la poste de la ville d'Hawaï. C'était les agents de la CIA qui prenaient eux-mêmes les sacs de courriers, directement dans les entrepôts. Ils travaillaient en collaboration avec le personnel de la poste, mais totalement à l'insu du "Customs Service", les "Douanes Américaines". Le personnel de la poste sur place, croyait assister les agents de la CIA, en vertu du "Cunnigham Act", mais ce n'était pas le cas et le "Customs Service" n'avait pas connaissance de l'opération de la CIA, d'interception, d'examen, d'ouverture et de photographie des lettres.
Mais à la fin de 1954, le personnel local des Douanes sera approché par les agents de la CIA d'Honolulu, pour proposer leur assistance, dans le cadre du 
"Cunningham Act". Ils cherchaient en fait, à se mettre en conformité avec la loi, et pouvoir obtenir des autorisations "retroactives", qui leur auraient permis de poursuivre alors leur opération, de manière "légale" (car n'oublions pas qu'ils n'avaient demandé aucune autorisation). Mais le "Customs Service" ne se montrera pas intéressé. Et cela sera l'une des choses, qui fera que la direction de la CIA (qui aura eu entre-temps connaissance du projet, sans le contester) décidera de mettre fin au projet.

La CIA recherchait des éléments d'informations pour le contre-espionnage. Comme par exemple de determiner si le courrier en provenance d'Asie, était censurés et aussi de détecter les techniques de censure, qui était appliquées par les services postaux d'extrême-orient. Les agents examinaient, ouvraient et photographiaient les courriers et les lettres qui les intéressaient. Et les sacs de courriers étaient retournés dans la zone d'éxpédition, pour reprendre leur trajet normal dans le trafic postal.

L'officier qui dirigait l'opération sera contacté par le bureau régional du FBI d'Honolulu, pour lui demander sa collaboration, dans l'examen des courriers entrants. L'agent de la CIA l'informera du projet et l'agent du FBI en informera le Siège du FBI (voilà comment le FBI apprendra que la CIA interceptait le courrier d'Hawaï) (3).

 

Le bilan et la fin du "Hawaiian mail intercept project".

Un rapport de mars 1955, indique qu'ils avaient intercepté et photographié le contenu de près de six cents lettres. Et quatre cents subiront des tests chimiques (4). Le projet se termina en novembre 1955. Les résultats de la collecte d'information, n'obiendront pas de documents pertinents et exploitables pour le renseignement ou le contre-espionnage. Mais les résultats des tests chimiques auront ét très appréciés. L'officier de la CIA d'Honolulu, qui avait été à l'initiative du projet, sera par la suite rapatrié et affecté à une station de la CIA, sur le continent Américain.

 

(1) Ce programme ne recevra pas de nom spécifique et sera simplement appelé le "Hawaiian mail intercept project", ou encore "Hawaïnn Project".

(2) Voir "Les Black Program: Le Projet Setter".

(3) Voir "Les Black Program: Le Projet Z-Coverage".

(4) Ce rapport remontera jusqu'au siège de la CIA, où il recevra un accueil très favorable et l'officier d'Honolulu qui pilotait l'opération d'Hawaï, sera encouragé à continuer son travail.

 

Source:

Rapport final du comité restreint pour l'étude des opérations gouvernementales sur le respect des activités du renseignement. Livre III: Rapports supplémentaires détaillés du personnel sur les activités de renseignement et des droits des Américains, rapport du Sénat des Etats-Unis n° 94-755, du 23 avril 1973 (sous l'autorisation de l'ordonnance de 14 avril 1976).